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LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES

DANS LE TOURBILLON DE LA CRISE

La crise a mis les politiques économiques à rude épreuve et jeté sur elles un nouveau regard.
Depuis une trentaine d’années, l’action publique dans les économies avancées reposait sur un
consensus d’inspiration plutôt libérale : tandis que le contrôle de l’inflation et la maîtrise des
dépenses publiques étaient les maîtres mots des politiques monétaires et budgétaires (le
second objectif étant toutefois très inégalement atteint), les politiques « structurelles »
faisaient la part belle à la concurrence et aux mécanismes de marché.
D’une ampleur et d’une durée inédites depuis la Grande Dépression, la crise déclenchée en
2007 par les subprimes a déstabilisé cet édifice. Il est en effet apparu que non seulement
l’action publique n’a pas empêché la crise financière et sa propagation à l’ensemble de
l’économie, mais que certaines politiques ont même favorisé son développement.
C’est le cas, notamment, de la politique monétaire, qui constituait pourtant le domaine
de l’action publique où le consensus était le plus solide, alliant économistes, dirigeants
politiques et banquiers centraux. Si l’indépendance des banques centrales et le
recentrage de leur action sur le « ciblage d’inflation » ont permis des années d’inflation
faible, les risques financiers globaux auxquels étaient exposées les économies ont été
négligés. Ainsi, la politique menée par la Réserve fédérale américaine dans les années
2000 aurait non seulement laissé ce risque de côté, mais aurait contribué à la formation
et à l’éclatement de la bulle des subprimes. La sévérité de la crise a en outre contraint
les banques centrales à mettre en oeuvre des politiques « non conventionnelles », dont
l’abandon n’est pas sans poser problème. Du côté des politiques budgétaires, quoique
l’austérité reste de mise, surtout dans la zone euro confrontée à une grave crise des dettes
souveraines, la récession de 2008-2009 a remis sur le devant de la scène les principes de
la relance keynésienne ; la forte augmentation de l’endettement public dans la foulée a
quant à elle jeté un éclairage nouveau sur la question des règles budgétaires, celles du
Pacte de stabilité et de croissance s’étant révélées insuffisantes.
Au-delà du choc conjoncturel qu’elle a infligé aux économies avancées, la crise a accéléré
les transformations de l’économie mondiale : touchant de façon beaucoup plus sévère
les pays développés, elle a approfondi en leur sein le mouvement de désindustrialisation
et renforcé la montée en puissance des économies émergentes. Dans ce contexte, la
politique industrielle, longtemps réduite à sa portion congrue au motif qu’elle fausse
les conditions de la concurrence, connaît un renouveau. De la même façon, la volonté de
sauvegarder les activités et les emplois sur le territoire national rend le processus de
libéralisation des échanges commerciaux plus conflictuel.
Les politiques « structurelles » conservent néanmoins les grandes dynamiques
d’avant-crise. Celles-ci sont même accentuées dans certains cas par les nécessités de
l’austérité budgétaire. Ainsi, bien que l’envolée du chômage alourdisse les dépenses
d’indemnisation, la logique de l’« activation » des politiques de l’emploi se poursuit.
Et si les dépenses sociales progressent face à des besoins croissants, la tendance à la
« privatisation » d’une partie de la protection sociale et son recentrage sur les catégories
les plus défavorisées n’est pas remise en cause


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